Le village de Roquefère
Du point de vue historique et culturel, la localité appartient à la Montagne Noire, un massif montagneux qui constitue la bordure méridionale du Massif central. Son climat, modifié par l’océan, est influencé par le Rieutort et d’autres petits cours d’eau. La commune dispose d’un patrimoine naturel exceptionnel, avec trois zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique. Le patrimoine architectural de la commune inclut un édifice classé monument historique : le château, inscrit au titre des monuments historiques depuis 1985.Le village se trouve à une altitude de 330 mètres, au cœur du Cabardès. Il est niché dans un méandre de la vallée du Rieutort, affluent de l’Orbiel. Sa silhouette est dominée par un château érigé sur un éperon rocheux, toujours habité à ce jour. Deux hameaux perchés, Saint-Julien et Cubserviès, respectivement à 650 mètres et 730 mètres d’altitude, complètent le paysage. Pour les rejoindre, il faut emprunter une route étroite et sinueuse qui serpente le long de la montagne.Le Rieutort, long de 12,2 km au total, prend sa source dans la commune des Martys et coule vers le sud-est. Après avoir traversé la commune de Roquefère, il se jette dans l’Orbiel à Mas-Cabardès.Histoire de Roquefère
Les premières mentions des seigneurs de Roquefère remontent au début du XIIe siècle. En 1124, Guillaume de Roquefère, premier seigneur connu de la région, prêta allégeance à Bernard Aton Trencavel, vicomte de Carcassonne. Comme les seigneurs de Cabaret, ses descendants furent des partisans de la cause cathare, ce qui les conduisit à être dépossédés à la suite de la croisade menée par Simon de Monfort.Louis VIII aurait alors attribué la seigneurie de Roquefère à un dénommé Henri Alamann. Cette donation fut confirmée par Louis IX, également connu sous le nom de Saint-Louis, qui lui accorda également des droits de justice. Il est dit qu’Henri Alamann accompagna Saint-Louis lors de ses croisades, et que ce dernier lui aurait fait don d’une épine de la couronne du Christ, vénérée aujourd’hui dans l’église de Roquefère. Ramond est le dernier représentant connu de la lignée Alamann, mentionné dans des documents datant de 1338.En 1372, Maurice de Bar, déjà propriétaire de la baronnie de Capendu ainsi que des seigneuries d’Aigues-Vives et de Marseillette, est mentionné comme seigneur de Roquefère. La famille de Bar garda le contrôle de Roquefère pendant un siècle et demi, jusqu’à ce que Jeanne de Bar ne le transmette à Jean de Narbonne-Talairan par mariage. En 1553, Aymeric, successeur de Jean, vendit le fief à Jean de Maurel, seigneur d’Aragon.Comme de nombreux villages de la région, Roquefère souffrit des guerres de religion. Le château fut pris par les protestants le 26 février 1574, puis repris par les catholiques un mois plus tard.En 1633, Bertrand de Maurel céda la seigneurie à Antoine de Cansac, bourgeois du Mas-Cabardès, pour la somme de 12 000 livres. Par la suite, la seigneurie, incluant Cubserviès et Labastide-Esparbaïrenque, fut attribuée à Antoine Cathala (ou Cathelan), neveu des Cansac. À partir de 1638, celui-ci entreprit la restauration du château, qui était en mauvais état. La famille obtint un titre de noblesse, et le nom de François de Cathelan de Roquefère apparut en 1693 lors de l’enregistrement des armoiries familiales.Au XVIIIe siècle, un long litige opposa la communauté de Labastide aux châtelains concernant les droits d’usage des forêts. Malgré cela, la famille parvint à conserver l’essentiel de son patrimoine foncier lors de la Révolution. Cependant, ce patrimoine fut progressivement vendu par la suite.La famille de Roquefère s’éteignit en 1902.À partir de la fin du XIXe siècle, Roquefère, tout comme les autres villages de la région, connut un déclin économique qui entraîna un important exode rural.Aujourd’hui, le village retrouve une certaine stabilité démographique, bien que modeste, avec la présence de retraités qui apprécient la quiétude des lieux.